samedi 22 septembre 2007

La Bretagne jette l'ancre à Paris

article publié le 21 Septembre 2007

Sources : http://www.kavadenn.com/nautisme/info/la-bretagne-jette-ancre-paris/1281

La Bretagne a débarqué à Paris ! La Breizh Touch va faire flotter sur la capitale, jusqu'à dimanche, un esprit de Bretagne destiné à montrer aux Parisiens une région « étonnante et détonante » qui allie tradition et modernité. Hier, le coup d'envoi de Breizh sur Seine a été donné. Un vrai pari à Paris.

14 h 50, Paris. À deux pas de l'île de la Cité, de drôles de bêtes sont amarrées sur les quais de la Seine : des chalutiers paimpolais ! Superbes ! Des dizaines de poissons-ballons d'argent flottent dans les airs. « Je déclare ouverte la Breizh Touch et en particulier, Breizh sur Seine ! » : c'est parti ! Jean-Yves Le Drian, président de la région Bretagne, peut couper le ruban officiel : pas le classique de coton bleu-blanc-rouge mais une longue et fraîche algue bretonne !


Ça ne manquait pas de sel.


Avec les patrons bretons et les « grands » Bretons de Paris, comme Patrick Poivre d'Arvor et Vincent Bolloré, l'immersion dans Breizh sur Seine peut commencer. La Bretagne ? « Un mélange de tradition et d'innovation », vous dira l'académicien-marin Erik Orsenna. La modernité, c'est celle qu'affiche l'espace high-tech. À côté des cheminées du Queen Mary et du Normandie, se trouve un robot jaune de la DGA, qui a quitté Brest et la guerre des mines pour se montrer aux Parisiens. Escale chez Eurolarge Innovation, un concentré des technologies de pointe bretonnes destinées aux courses au large. Ifremer montre aussi son savoir-faire. Les chercheurs de la station biologique de Roscoff (29) ont provoqué, hier matin, une fécondation d'oursins. C'est la première fois que des oursins naissent sur les quais de la Seine ! Les petits vont grandir : dimanche, ils prendront déjà la forme de larves minuscules ! On ouvre également grand les yeux au stand d'Océanopolis qui fait défiler des images exceptionnelles et vous fait voyager au milieu des petites roussettes et des étoiles de mer.


Il ne manquait que les mouettes


Breizh sur Seine est aussi une terre d'aventure : Anne Quéméré va traverser le Pacifique en 2008, sur un engin étonnant de 250 kg. « Pas de billig à bord ! », dit-elle, en rigolant. Ne sont autorisés que des mets lyophilisés... Embarquons ensuite à bord du Frankiz. Sur le chalutier, flotte la grande flamme de la « Breizh Touch, la Bretagne comme vous ne l'avez jamais vue ». Pas faux ! Pour une fois sur l'eau douce, le patron paimpolais, Yannick n'est pas peu fier d'expliquer aux Parisiens le (dur) métier de pêcheur. De l'air marin et iodé sur les quais de la Seine, personne ne s'en plaindra.. Hier, c'était la fête. Il ne manquait que les mouettes.




La fierté d'être Bretons



« Donner le désir de Bretagne aux Parisiens » : tel est l'objectif du président de la Région. Il n'a eu aucune difficulté à convaincre les « people » bretons de Paris qui ont la Bretagne dans la tête et dans le coeur. Mercredi soir, artistes, politiques ou décideurs économiques se sont tous retrouvés sur les terrasses de Publicis, sur les Champs-Élysées. Le président Maurice Lévy, conseillé par Yannick Le Bourdonnec, avait ouvert ses portes à la communauté bretonne. La Breizh Touch ? Ils trouvent tous cela épatant ! Denis Seznec, Irène Frain, PPDA, Patrick Mahé, Louis Le Duff, Bernard Hinault, Pierre Méhaignerie ou encore Yves Cochet étaient tous là pour dire leur fierté d'être Bretons. Yann Queffélec, qui se sent plus que jamais Breton, en était « bouleversé ». Alan Stivell attend la parade de dimanche et voit « un rêve d'enfance prendre forme ». Michel Drucker lui a remis un disque d'or avant de passer aux aveux : OK, il est Normand, mais bel et bien Breton de coeur ! « Si je suis là, c'est grâce à la Bretagne, au petit village de Plémet (22) qui a accueilli ma famille pendant la guerre ». Il a rendu un émouvant hommage au père de Patrick Le Lay qui a sauvé sa mère de la déportation, en intervenant, en 1942, sur un quai de la gare de Rennes. L'inconnu avait alors assuré à la Gestapo que cette femme était la sienne. Il lui a sauvé la vie. Et celle de Michel Drucker aussi.

Deux millions d'euros le coup de pub

L'opération « Breizh Touch », ce sont deux millions d'euros d'argent public payés par les Bretons pour séduire les Parisiens. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Le président de la Bretagne, Jean-Yves Le Drian, en est convaincu depuis que l'idée est née, voici déjà trois ans.

Jamais une région n'a investi la capitale de cette manière. D'où est venue l'idée d'une telle première ?

En 2004, après avoir rempli le stade de France avec la Nuit Celtique, Jean-Pierre Pichard m'a dit que ce serait bien de faire une grande parade des bagadoù sur les Champs-Élysées. Je lui ai demandé s'il était sérieux, il m'a répondu que remplir le stade de France paraissait tout aussi inimaginable avant qu'on ne réussisse à le faire.

L'emblématique avenue parisienne a-t-elle été facilement prêtée à la Bretagne ?

Étonnamment, nous n'avons pas rencontré de réelles difficultés. Le maire de Paris s'est aussitôt déclaré enchanté du projet et le préfet de police - qui avait été sous-préfet à Lorient - a accompagné le mouvement. Côté Bretons, Bodadeg ar Sonerion (l'assemblée des sonneurs) a adhéré avec enthousiasme.

Pourquoi le projet initial s'est-il transformé en une opération bien plus lourde ?

Nous avons voulu faire partager aux Parisiens le côté festif et convivial de la Bretagne, à travers sa culture et ses traditions, mais aussi ses musiques actuelles avec Arvest, l'association de ses grands festivals, et le cyber fest-noz. C'était aussi l'occasion de présenter la région comme une terre active et innovante, avec la mer, l'océanographie et la pêche à Breizh sur Seine mais également avec l'expo Bretagne Numérique qui montre que l'image du futur se construit chez nous.

Quelles retombées espérez-vous de cette opération et pourront-elles être évaluées ?

Il s'agit, bien sûr, de donner aux Parisiens une envie de Bretagne qui les incite à venir y passer leurs vacances, à s'y installer, à y investir. Il s'agit aussi de resserrer les liens avec la diaspora des Bretons de Paris et d'ailleurs. La Breizh Touch aura réussi si ses rendez-vous remportent de réels succès populaires et si elle contribue à dynamiser les réseaux bretons. Mais il sera évidemment difficile d'en mesurer l'impact en termes économiques.

Un tel coût financier pour un résultat aléatoire, est-ce bien judicieux ?

La Breizh Touch, c'est 1,5 million à la charge de la Région et 500.000 € pour les cinq départements. C'est le coût d'une grosse campagne de pub. Pour le même prix, nous réalisons une formidable publicité qui valorise bien plus l'image de la région, grâce à l'implication des bénévoles, à commencer par les 3.000 sonneurs et danseurs. Les dépenses financières, c'est uniquement de la logistique et de la communication.

Record paimpolais !

Parole de marinier de la Seine, le Gimaco est le plus gros bateau de pêche à avoir jamais remonté le fleuve jusqu'à Paris. Gilles Bocher, le patron du fileyeur paimpolais, n'est pas peu fier d'avoir battu ce record pour sa première expérience de navigation fluviale. Il est surtout enchanté d'avoir ainsi intégré la confrérie des marins d'eau douce, où les pilotes de péniche l'ont amicalement accueilli. « Les bateliers sont vraiment sympas », commente le marin pêcheur. « Ils étaient contents de remonter la Seine avec nous et nous ont filé leurs combines pour franchir les passages difficiles. Ça nous a bien aidés, nous qui ne connaissions pas le fleuve. Surtout que ça passe vraiment juste quand on cale 3,10 m et qu'on a 6 m de tirant d'air ».


Demandez le programme.


Breizh sur Seine : à quai, les fileyeurs paimpolais Frankiz, Armen III et Gimaco. Visite et démonstrations par les équipages. Espace Océan high-tech. Tourisme et gastronomie. Construction et équipement des voiliers de course. Aventure sous-marine. Espace enfants (contes, jeux, ateliers). Scènes musicales, tradi et actuelles. Expos, photos, vidéos.

Arvest Festival : les huit grands festivals bretons ont mitonné une programmation-découverte pour cinq salles parisiennes où se produiront 23 groupes bretons de musique actuelle.


Breizh Numérique
: démonstrations ludiques et instructives, nées des projets novateurs du pôle « Images et Réseaux », dans la toute nouvelle Maison de la Bretagne (8 rue de l'Arrivée).

Cyber fest-noz , ce soir au Zénith, retransmis en direct dans le monde entier, sur internet et mobiles.


Breizh Parade
: dimanche à midi, 2.500 sonneurs de 60 bagad et 600 danseurs de 30 cercles, accompagnés de délégations des pays celtes, descendront les Champs-Élysées. Tous les détails sur www.breiztouch.com ou au 01.45.35.41.31. Catherine Magueur, Alain Le Bloas - Le Télégramme

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